samedi 30 avril 2011

Noir c'est noir : histoire du polar

Elie Arié (Marianne) revient sur l'histoire du roman policier, étroitement liée à l'histoire du XXème siècle.

L’histoire du roman policier du XXè siècle a connu trois grandes périodes successives et différentes –même s’il sera facile de m’opposer des exceptions :


1 - La première fut celle des « esprits supérieurement intelligents » : Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Auguste Dupin, etc. , qui, par la seule force du raisonnement déductif, résolvaient des énigmes dont la solution échappait à la police ; ce schéma fut poussé à son extrême par l’écrivain aveugle José Luis Borges, avec son personnage de Don Isidro Parodi, un condamné emprisonné auquel les policiers viennent soumettre les crimes qu’ils n’arrivent pas à résoudre, et dont il trouve la solution en réfléchissant sans sortir des quatre murs de sa cellule, alors qu’elle échappe aux enquêteurs qui peuvent observer les lieux du crime – et qui sont les vrais aveugles.

Ce genre littéraire était un jeu entre l’auteur et le lecteur, qui se « fait avoir » parce qu’il n’a pas prêté attention à certains indices ; bien entendu, pour que la solution échappe aux lecteurs particulièrement perspicaces, l’auteur est obligé de tricher, et de ne révéler, mine de rien, certains éléments essentiels qu’à la fin ; mais pour que le lecteur ne se sente quand même pas trop idiot, le héros intelligent dialogue souvent ave un personnage encore plus bête que le lecteur (le dr. Watson chez Conan Doyle, Hastings chez Agatha Christie).

2 - Ce genre fut supplanté par l’apparition, aux Etats-Unis, du détective privé (Philip Marlowe, Sam Spade, etc.) né dans les années de la prohibition ; dans un univers de corruption généralisée à laquelle n’échappaient ni les politiques, ni les maires, ni les policiers (particulièrement balourds) du grand chef au simple flic de base toujours ripou, ce personnage, plus malin et débrouillard qu’intelligent, répondait à un besoin particulièrement vif à l’époque : celui de l’homme sinon honnête (il prend souvent des libertés avec la loi, s’introduit par effraction dans des domiciles ou vole des documents confidentiels) du moins moral et désintéressé : il ne fera jamais une crasse à la veuve, à l’orphelin ou aux faibles, et, lui même assez pauvre (il reçoit dans un cabinet minable et n’a jamais de quoi payer sa secrétaire), il risque souvent sa vie pour des clients encore plus pauvres ou insolvables ; dans une peinture sociologique assez cruelle et réaliste d’une société totalement corrompue, il représente, en fait, le seul personnage vraiment imaginaire, celui de l’ « Incorruptible » (comme la série du même nom), celui de la société telle que les Américains auraient préféré qu’elle fût.

3 - Mais ces deux personnages, celui du « déductif de génie » comme celui du « détective privé désintéressé » avaient un défaut majeur : celui de ne pas exister dans la réalité.


Dans la vraie vie, les crimes ne sont résolus –lorsqu’ils le sont- que par la police.
Survint alors la troisième étape du polar, dont les auteurs devaient fournir un énorme effort permanent de documentation sur la réalité des multiples lois et règlements toujours changeants dans le cadre desquels la police exerce son action, sur ses moyens matériels et leur insuffisance, sur les méthodes de la police scientifique, sur les compromissions avec d’indispensables « indics », sur les pressions subies pour pousser ou au contraire étouffer des affaires, sur les rivalités entre différentes polices et le domaine de compétence de chacune d’elles, sur leurs rapports conflictuels mais aussi de manipulation avec les médias, etc.

Ceci a donné lieu à un genre différent, bien plus proche de la réalité, et, souvent, sans héros principal ; les règles du genre ont été poussées à l’extrême par la saga « 87ème District » d’Ed Mc Bain, se déroulant sur plusieurs décennies, et dont le vrai personnage principal est un commissariat dans lequel passent différents flics, de toute nature et de tous caractères, jouant chacun à son tour un rôle tantôt essentiel tantôt tout à fait accessoire selon les différentes affaires qu’ils ont à traiter, qui se déroulent dans des quartiers et des milieux sociaux totalement différents d’une grande ville (imaginaire), et dont l’ensemble constitue une sorte de « Comédie Humaine » de la société américaine.

Mais ce genre qui se présente comme réaliste se heurte à une difficulté majeure : la plupart des crimes sont soit élucidés très rapidement (leurs suites judiciaires, c’est autre chose, mais qui n’intéresse pas le lecteur), soit jamais ; et il est aussi impossible de publier un polar de trois pages qu’un polar se terminant par « et bien, voilà, on n’a pas trouvé, c’est encore un crime qui restera impuni » ; d’où la nécessité d’inventer des procédés pour les « faire durer » en faisant se dérouler simultanément plusieurs affaires différentes dans un même épisode.


4 - Aujourd’hui, le polar cherche à se renouveler en plaçant le lecteur dans un cadre exotique pour lui, soit dans le temps (Moyen-Âge : Ellis Peters), soit dans l’espace, d’où le succès actuel des polars étrangers, se déroulant dans des pays que nous connaissons mal, notamment scandinaves (suédois, islandais, norvégiens) et, à un moindre degré, chinois (He Jiahong, Qiu Xiaolong). Est-ce la voie de l’avenir, ou celle-ci trouvera-t-elle vite ses limites ? Le polar pourra-t-il trouver une quatrième voie, ou est-il destiné, comme le western au cinéma, à disparaître ?

vendredi 29 avril 2011

Thor est un dieu puissant et arrogant vivant au royaume d'Asgard. Ses actes inconsidérés rallument une ancienne guerre. En punition, Odin, le père de Thor, le bannit d'Asgard et le condamne à l'exil sur la Terre où il est forcé de vivre parmi les humains. Thor fera la connaissance de Jane Foster, une jeune scientifique en cosmologie, dont il tombera amoureux. C'est sur la Terre que Thor apprendra ce qu'être un véritable héros requiert, pendant que son machiavélique frère Loki s'empare du trone d'Odin et se nomme roi d'Asgard...

Thor est le nouveau super-héros de l'univers de Marvel à avoir droit à son adaptation au cinéma. Produit en étroite collaboration avec les studios Marvel, tout comme Iron Man 1 et 2, Thor a donc été adapté selon les désirs de Marvel. Et qui de mieux pour traiter cette histoire de jeu de pouvoir et de trahison familiale que le réalisateur Shakespearien Kenneth Branagh.

Car oui, Thor, avant d'être l'histoire d'un super-héros sur Terre, c'est avant tout le fils d'Odin, roi d'Asgard, à qui le trône est destiné. Mais c'est sans compter sur la jalousie de son frère Loki, lui aussi convoitant le trône.

Le film commence par la rencontre entre Thor et la scientifique Jane Foster (Natalie Portman), puis un long flashback va nous expliquer quels évènements les ont conduits à cette rencontre. Ainsi une bonne moitié du récit se concentre sur Asgard, tandis que le reste se déroule sur Terre.

Du côté d'Asgard, la cité est un mélange de royaume tel qu'au Moyen Age avec des éléments fantastiques. Les décors entièrement réalisés en effets spéciaux sont magnifiques, rendant la cité presque réelle. Tous les personnages la peuplant sont impressionnants, notamment grâce à des costumes magnifiques. Tous les personnages sont convaincants: bien évidemment Thor, rien à redire sur le design et le caractère du personnage. Les 3 guerriers, bien que peu présents ont chacun leur personnalité et sont mis en avant lors des divers combats. Parmi les personnages secondaires, Idris Elba (Heimdall) incarne à la perfection le gardien du Bifrost (machine qui sert à voyager entre les mondes) et impose sa présence physique et vocale.

C'est sur un ton plus léger que l'on va assister aux premiers pas de Thor sur Terre, son apprentissage de la vie humaine pour finir par la rédemption. Beaucoup de reproches ont été faits au film car Thor ne se retrouve pas dans l'enveloppe physique de Donald Blake comme dans les comics. Un choix qui peut se comprendre pour rendre plus accessible l'histoire au grand public. Le réalisateur y fait tout de même un clin d'œil de manière sympathique. C'est également sur Terre que vont s'instaurer des connexions avec The Avengers, mais à la différence d'Iron Man 2 qui semblait se détourner de son récit pour introduire différents éléments, ici tout s'emboite parfaitement et la rencontre entre Thor et le SHIELD est très bien pensée.

Thor était un pari risqué par son côté mystique et son univers tellement différent de la Terre. Kenneth Branagh s'en sort avec les honneurs en donnant un côté épique au récit. Le réalisateur a pris des risques au niveau esthétique qui se sont avérés payants mais aucun pour le scénario. Il déroule une histoire qui aurait mérité un traitement plus complexe, de plus grande envergure mais surtout avec plus de scènes d'action.
Même reproche pour Loki, qui malgré une interprétation magistrale de la part de Tom Hiddlestonn semble ne pas avoir donné la pleine mesure de ce personnage. Marvel a surement décidé d'en garder sous le coude pour The Avengers ou même Thor 2.

Et comment terminer cette critique autrement qu'en parlant de Chris Hemsworth. Vous avez été convaincu par Robert Downey Jr dans la peau de Tony Stark ? Vous serez bluffé par Chris dans la peau de Thor. Le géant Australien prête son physique au Dieu du tonnerre et transpose parfaitement l'arrogance puis l'humilité de son personnage.

Dans une histoire inspirée d’un célèbre conte de fées, une adolescente se retrouve en grand danger quand son village décide de chasser les loups-garous qui terrorisent la population à chaque pleine lune. Dans un endroit où tout le monde a un secret et est suspect, notre héroïne doit apprendre à suivre son coeur et trouver en qui elle peut avoir confiance.

Réalisatrice du premier « Twilight », Catherine Hardwicke aime filmer les (sages) amours adolescentes et les forêts de pins. Autre point commun entre la saga imaginée par Stephenie Meyer et cette déclinaison vaguement horrifique du conte de Perrault : les loups-garous. Dans « le Chaperon rouge », ils terrorisent la bourgade isolée (qui rappelle fort « le Village » de M. Night Shyamalan) où vit la belle Valérie (Amanda Seyfried). Avec ses airs de beau livre et ses décors d’un kitsch luxueux, ce curieux film ménage quelques scènes fortes, comme cette fête païenne sur fond de musique d’aujourd’hui.

Colter Stevens se réveille en sursaut dans un train à destination de Chicago. Amnésique, il n’a aucun souvenir d’être monté dedans. Pire encore, les passagers du train se comportent avec lui avec familiarité alors qu’il ne les a jamais vus. Désorienté, il cherche à comprendre ce qui se passe mais une bombe explose tuant tout le monde à bord.
Colter se réveille alors dans un caisson étrange et découvre qu’il participe à un procédé expérimental permettant de se projeter dans le corps d’une personne et de revivre les 8 dernières minutes de sa vie. Sa mission : revivre sans cesse les quelques minutes précédant l’explosion afin d’identifier et d’arrêter les auteurs de l’attentat. A chaque échec, les chances de pouvoir revenir dans le passé s’amenuisent.
Alors qu’il essaie d’empêcher l’explosion, ses supérieurs lui apprennent qu’un deuxième attentat est en préparation en plein cœur de Chicago et qu’il ne s’agit plus de protéger les quelques passagers du train mais la ville toute entière. La course contre la montre commence…
Sliv, agent spécial du CFR (Consortium de Falsification du Réel), veut comprendre pour quoi et pour qui il travaille. C'est l'histoire d'une organisation secrète internationale, qui tente d'influer sur l'histoire des hommes, et dont l'existence est brutalement remise en cause un certain 11 septembre 2001. C'est l'histoire de Youssef, tiraillé entre sa foi et son amitié; de Maga, jeune femme moderne que son mariage précipite dans une famille d'intégristes; de Lena, dont la rivalité professionnelle avec Sliv cache peut-être des sentiments d'une autre nature. C'est l'histoire d'une grande nation, les Etats-Unis, qui trahit ses valeurs quand le monde a le plus besoin d'elle. C'est, d'une certaine façon, l'histoire du siècle qui vient. Les éclaireurs est la suite des Falsificateurs. Et si, finalement, il n'y avait aucune finalité ....