Les nombreuses recherches pluridisciplinaires récentes -
archéologiques, génétiques, linguistiques et historiques - confirment toutes que l'ensemble du peuple
malgache est primordialement originaire de l'archipel indonésien. Arrivés
probablement sur la côte Ouest de Madagascar en canoë à balancier (waka) au
début de notre ère - voire 300 ou 350 ans avant selon les archéologues -, ces
pionniers navigateurs austronésiens sont connus de la tradition orale malgache
sous le nom des Ntaolo ("les hommes d'avant", "les "anciens").
Il est également probable que ces anciens se nommaient eux-mêmes les Vahoaka
(de Va-waka "peuple/ceux des canoës" ou "peuple de la
mer"), terme signifiant simplement aujourd'hui le "peuple" en
malgache.
Sur le plan morphologique/phénotypique, cette origine
Sud-Est asiatique première des Malgaches explique, par exemple au niveau des
yeux, le "pli épicanthal" asiatique de la paupière supérieure répandu chez tous, qu'ils soient
des côtes ou des hauts plateaux, qu'ils aient la peau claire, sombre ou
cuivrée.
Ces vahoaka ntaolo ("peuple d'origine/premier")
austronésiens sont à l'origine de la langue malgache commune à toute l'île,
ainsi que de tout le fonds culturel commun : coutumes anciennes (comme
celle d'ensevelir les défunts dans une pirogue au fond de la mer ou d'un lac),
agriculture ancienne (la culture du taro-saonjo, de la banane, de la noix de
coco et de la canne à sucre), architecture traditionnelle (maison végétale à
base carrée sur pilotis), musique (les instruments comme la conque marine
antsiva, le tambour de cérémonie hazolahy, le xylophone atranatrana, la flûte
sodina ou encore la valiha) et danse (notamment la "danse des
oiseaux" que l'on retrouve à la fois au centre et dans le Sud).
Au tout début du peuplement (période paléomalgache), les
Ntaolo se subdivisèrent, selon leurs choix de subsistance en deux grands
groupes : les Vazimba ("ceux de la forêt", aujourd'hui barimba ou
orang rimba en malais) qui s'installèrent dans les
forêts de l'intérieur et les Vezo ("ceux de la côte" , aujourd'hui
veju en bugis et bejau en malais, bajo en javanais) qui restèrent sur la côte
Ouest. Le qualificatif Vazimba désignait donc à l'origine les
Ntaolo chasseurs et/ou cueilleurs qui décidèrent de s'établir "dans la
forêt", notamment dans les forêts des hauts plateaux centraux de la grande
île et celles de la côte Est et Sud-Est, tandis que les Vezo étaient les Ntaolo
pêcheurs qui restèrent sur les côtes de l'Ouest et du Sud (probablement les
côtes du premier débarquement).
Dès la fin du premier millénaire jusqu'à 1600 environ, les
Vazimba de l'intérieur autant que les Vezo des côtes accueillirent de nouveaux
immigrants moyen-orientaux (Perses Shirazi, Arabes Omanites, Juifs arabisés) et
orientaux (Indiens Gujarati, Malais, Javanais, Bugis) voire européens
(Portugais) qui s'intégrèrent et s'acculturèrent à la société Vezo et Vazimba,
souvent par alliance matrimoniale. Bien que minoritaires, les apports
culturels, politiques et technologiques de ces nouveaux arrivants à l'ancien
monde Vazimba et Vezo modifièrent substantiellement leur société et sera à
l'origine des grands bouleversements du XVIe qui conduiront à l'époque féodale
malgache (1600-1895).
À l'intérieur des terres, les luttes pour l'hégémonie des
différents clans Vazimba des hauts plateaux centraux (que les autres clans Vezo
des côtes appelaient les Hova) aboutirent à la naissance des ethnies et/ou royaumes
Merina, Betsileo, Bezanozano, Sihanaka, Tsimihety et Bara.
Sur les côtes, l'intégration des nouveaux immigrés
orientaux, moyen orientaux et africains donnèrent naissance aux ethnies et/ou
royaumes Antakarana, Boina, Menabe et Vezo (Côte Ouest), Mahafaly et Antandroy
(Sud), Antesaka, Antambahoaka, Antemoro, Antanala, Betsimisaraka (Côte Est).
La naissance de ces grands royaumes
"néo-Vazimba"/"néo-Vezo" modifièrent essentiellement la
structure politique de l'ancien monde des Ntaolo, mais la grande majorité des
anciennes catégories demeurèrent intactes au sein de ces nouveaux royaumes : la
langue commune, les coutumes, les traditions, le sacré, l'économie, l'art des
anciens demeurèrent préservés dans leur grande majorité, avec des variations de
formes selon les régions