samedi 31 décembre 2011

Histoire de Diego

La partie nord de la grande île, I'Ankarana - d'où le nom de ses habitants Antakarana (ceux qui vivent dans les rochers) - est connue depuis le Xe siècle, fréquentée par les Arabes venant d'Oman, du Yémen ou de Somalie. Ceux-ci pratiquaient le commerce des esclaves et achetaient de la cire et de l'écaille. Ils s'y installèrent, transmettant leur religion et une partie de leur culture aux Antakarana, d'où la très forte islamisation de la région de Diégo-Suarez.

D'après la tradition orale, le royaume Antakarana dont le premier prince connu est Kozobe, fut fondé par des Sakalava des royaumes du Menabe et du Boina, poussés à s'exiler vers le Nord à cause d'une guerre intestine.

L'origine du nom de ce port est assez inattendue, et il faut remonter au tout début du XVIème siècle pour en trouver l'explication : une escadre portugaise de treize navires sillonnait l'océan Indien, et l'un d'entre eux partit à la dérive. Son capitaine, Diego Diaz fut donc le premier Européen à découvrir la Grande Ile le 10 août 1500, et baptisa cette nouvelle terre Lorenzo (le saint du jour), d'où son premier nom de Saint-Laurent. En février 1506, l'Amiral Hernan Suarez reconnaissait les lieux, et la ville acquit ainsi le prénom du capitaine et le nom de l'amiral : DIEGO-SUAREZ, capitale des Antakarana dénommée jusqu'alors Antomboka. Un siècle plus tard, le Français François Cauche en route pour Sainte-Luce y fit une halte le 26 juin 1638.

Puis le pirate français Misson et un prêtre italien nommé Caracciolo créèrent à la fin du XVII, siècle une république avant-gardiste baptisée "Libertalia", fondée sur un principe d'égalité et ouverte à tous, sans distinction de race ou de nationalité. De cette seule république pirate de Madagascar, il ne reste rien, si ce n'est des écrits de Misson, sauvés d'un naufrage, racontant l'histoire de ces deux intellectuels, pirates humanitaires qui abolirent l'esclavage 150 ans avant les états européens. La communauté mit en place un système de défense contre d'éventuelles attaques navales anglaises ou françaises. Mais ce furent les autochtones qui attaquèrent et détruisirent la cité par l'intérieur des terres.

Dès 1885, la ville de Diego-Suarez passa sous le contrôle de la France et prit alors de l'importance grâce à la Marine Française, qui installa un arsenal et plusieurs casernes.

La Légion Etrangère quitta la ville en 1975, mettant un terme à une présence française de près d'un siècle.

Cette rade extraordinaire offrait un repaire naturel et protégé dont le contrôle aisé n'avait pas échappé aux nombreux pirates, commerçants et négriers qui s'y succédèrent au fil des siècles mais également à la France. En 1899, le Maréchal Joffre s'installa à Diego-Suarez et créa de nombreuses fortifications pour défendre la rade à Orangea, à Andrakaka, à Cap Diego et à Windsor Castle, en particulier. Le port de commerce se développa ainsi que l'Arsenal.

En 1942, alors que l'administration coloniale de Madagascar était contrôlée par les Pétainistes, au terme de violents combats lors de l'opération Ironclad, la Royal Navy et les Forces Françaises Libres prirent possession de la base navale, ouvrant la voie au contrôle de tout le territoire malgache. Jusqu'en 1973, Diego-Suarez servit de port à la flotte française de l'Océan Indien. Les accords militaires devenus caducs, le port a été transformé en un chantier de constructions et de réparations navales, l'un des plus importants de l'Océan Indien.

Diego-Suarez porte aussi depuis, le nom d'Antsiranana, qui veut dire "Le Port".

Vacances de Noël à Diego Suarez et Nosy Be















J1 : Arrivée à Diego (Antsiranana)

Partis dès 5 heures du matin de la maison à Tana, où Alain est venu nous chercher, direction l'aéroport d'Ivato pour prendre notre vol vers Diego. Escale à Nosy Be avant de nous poser dans l'ancienne cité de pirates, terre de mon enfance.
Il fait déjà près de 30 degrés, et la température culminera à 35 /36 durant toutes nos vacances!
Floris, notre guide, nous attend en compagnie de notre chauffeur et nous conduit à notre hôtel - le Grand Hôtel - rue Colbert (voir photos). Le temps de poser nos affaires, de nous rafraîchir, et en avant, c'est parti pour l'exploration de la montagne d'Ambre. Petit tour en ville avant de grimper, avec un crochet par le lycée Sadi Carnot, où j'ai fait mes premiers pas au collège. En rentrant de notre ballade, nous passerons également par le promontoire qui nous permet de dominer le port, en compagnie du vénérable maréchal Joffre, au milieu des frangipaniers en fleur.


mercredi 14 décembre 2011

Déjeuner à l'Akoa

Rudyard Kipling (1910)

If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you.
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting.
Or being lied about, don't deal in lies,
Or being hated, don't give way to hating,
And yet don't look too good, nor talk too wise:

If you can dream -and not make dreams your master
If you can think -and not make thoughts your aim
If you can meet Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you've spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools.
Or watch the things you gave your life to broken,
And stoop and build'em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: "Hold on!"

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings -nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute,
With sixty seconds' worth of distance run.
Yours is the Earth and everything that's in it,
And -which is more- you'll be a Man, my son!



Traduction d'André Maurois (1918)

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.


Traduction de Jean-François Bedel (2006)

Si tu gardes ta tête quand la folie des autres,
S'acharne contre toi et te couvre de fautes
Si tu restes confiant, lorsqu'on doute de toi,
Et te veux tolérant, car l'opprobre est sans foi…
Si l'attente chez toi n'engendre aucun soupir
Que jamais médisances ne t'entraînent à mentir,
Ni qu'être détesté ne te force à haïr,
Sans de la perfection vouloir être l'image,
Ni d'aimer pérorer en imitant les sages…

Si tu gardes tes rêves sans n'être qu'un rêveur,
Évitant que penser devienne un but en soi…
Si tu peux accueillir l'Échec ou le Succès,
En faisant part égale à ces deux impostures
Si tu peux supporter que ta parole vraie,
Changée par des fripons serve aux sots de pâture,
Si l'œuvre de ta vie s'écroulant devant toi,
Tu ramasses aussitôt les morceaux sans rancœur,
Saisis tes vieux outils, et reprends le labeur…

Si tu peux mettre en jeu tout ce qui t'appartient,
Et en risquer l'enjeu d'un coup de pile ou face,
En ayant tout perdu, pourtant garder la face,
Repartir à zéro, sans un mot, ni chagrin ;
Si tu mets ton pouvoir, ton audace et ton cœur,
À servir ta cause, jusqu'à la dernière heure,
Ne pas abandonner quand plus rien ne subsiste,
En toi, que ce Vouloir, cette voix qui insiste,
Et qui te crie : « Tiens-bon ! gardes Force et Vigueur ! »

Si parlant à la foule, tu gardes ta droiture,
Accompagne les rois en sachant d'où tu viens,
D'amis ou d'ennemis, redoutes point l'injure…
Si, plus qu'un seul être, pour toi compte l'humain,
Et si face à ce temps à la fuite implacable,
Tu fais à chaque instant ce dont tu es capable,
Permettant que toujours tes travaux s'accomplissent,
Avec tout ce qu'il offre, ce Monde sera Tien…
Et, bien plus encore, tu seras un Homme, mon fils !

dimanche 4 décembre 2011

Observer, comparer, analyser, déduire









Un comté de France, en ce début du XIVe siècle, où l'Inquisition fait rage. Un médecin condamné à la Question pour avoir pratiqué des accouchements sans douleur. Une pierre rouge qui a fait couler beaucoup de sang et dont il faut percer le mystère. Et si les ennemis du mire s'en prenaient à Héluise, sa fille, son élève et sa confidente ? Druon de Brévaux, lui-aussi mire itinérant, obligé de battre la campagne pour proposer ses services. Sans oublier Huguelin, garçonnet enlevé des mains sadiques d'une tavernière sans scrupules; la comtesse Béatrice en proie à un complot; une bête monstrueuse qui sème la terreur. Des traîtrises, des revirements, des puissants qui se jouent des humbles, des innocents sacrifiés sur l'autel du pouvoir et tant de pièges à déjouer, d'énigmes à élucider. La Science arrivera-t-elle à déchirer les voiles du mensonge et de l'obscurantisme? Aesculapius est la première aventure de Druon de Brévaux, médecin expert du Moyen Âge en proie à de nombreuses énigmes historiques et mortelles.

Tome 2: Druon doit élucider une autre énigme sanglante. A Thiron, où s'élève la riche abbaye de la Sainte-Trinité, un mercier a été sauvagement poignardé et un jeune moine découvert mort en forêt. Tous deux la main tranchée. L'arrogant seigneur abbé refuse que la justice séculière enquête ; qui protège-t-il ? Et comment faire cesser les assassinats qui se succèdent ? Pour lever le mystère, Druon ne dispose que d'une seule arme : la science que lui a léguée son père. Réussira-t-il à résoudre la macabre charade ?

Tome 3: Héluise, qui court les chemins sous le nom de Druon de Brévaux, médecin itinérant, traquée par l'Inquisition, M. de Nogaret et l'évêque d'Alençon, poursuit ses investigations au sujet de la mort de son père. Malgré le danger, il lui faut découvrir où est cachée la pierre rouge qui a fait couler tant de sang, dont tous ignorent les pouvoirs, mais que l'Eglise et le roi convoitent. Alors que Druon, flanqué du petit Huguelin, approche de Brou-la-Noble - où, d'après la mystérieuse mage Igraine, se trouve un indice -, à Saint-Agnan-sur-Erre, l'angoisse et la terreur sont à leur comble. Le prêtre a été crucifié, après avoir été égorgé, tout comme son secrétaire, et des objets précieux du culte ont été dérobés. Pourtant, personne n'a rien entendu, rien vu... Certaines ouailles, dont le seigneur local, d'une extrême arrogance, les ont-ils occis ? D'autres crimes alourdissent cette incompréhensible et sanglante énigme. Le mystère de la pierre rouge sera enfin élucidé.