jeudi 21 février 2013

Abolition de l'esclavage


Abraham Lincoln avait réussi à faire passer le 13ème amendement, qui permet d'abolir l'esclavage, dans tous les états? Pas vraiment.
En novembre dernier, le Dr Ranjan Batra, professeur associé à l'université du Mississippi, est allé voir Lincoln au cinéma et cela lui a donné envie de faire des recherches sur le 13ème amendement. Il a ainsi appris que cet amendement, passé en 1864, a été rejeté par 4 états : le New Jersey, le Delaware, le Kentucky et le Mississippi.
Finalement, le New Jersey l'a ratifié en 1866, le Delaware en 1901 et le Kentucky en 1976. Le Mississippi, lui, a tenté de le ratifier en 1995 mais une erreur de procédure a empêché de rendre cela possible.  Betra s'est immédiatement lancé dans la recherche d'une copie du document de 1995 et il y a appris que l'état avait passé la résolution à l'unanimité. Mais le dernier paragraphe stipule que le Secrétaire d'état doit envoyer une copie à l'Office du registre fédéral, ce qui n'a jamais été fait.
Le document a alors été envoyé au bureau du Secrétaire d'état qui a accepté de le déposer rendant ainsi la résolution officielle. Et le 30 janvier 2013, le directeur du Registre Fédéral a écrit qu' « Avec cette action, l'état du Mississippi a ratifié le 13ème amendement de la Constitution des Etats-Unis ». Le pouvoir du cinéma (et de personnes de bonne volonté).

samedi 16 février 2013

Les Sakalava


Les Sakalava sont un groupe ethnique ou plutôt culturel de Madagascar occupant la majeure partie de la frange côtière occidentale de l'île, depuis la région de Tuléar au sud jusque dans la région du Sambirano au nord. En réalité, les Sakalava ne constituent pas un peuple homogène mais un ensemble d'ethnies diverses ayant fait partie d'un ancien empire apparu dans la seconde moitié du XVIIe siècle.

D'après les traditions, les chefs de clans (andriana) fondateurs du royaume sakalava sont les princes maroseranana (ceux possédant de nombreux ports) de la région de Fiherenana, actuel Tuléar. Ces derniers sont eux-mêmes issus des clans zafiraminia du sud-est de l'île que beaucoup considèrent comme des Blancs, peut-être d'origine arabe. Toujours est-il qu'en contact avec les traitants européens dont ils obtiennent des armes, en échange avant tout d’esclaves, ils soumettent rapidement les autres princes du voisinage, à commencer par ceux du sud, en zone mahafaly. Le véritable fondateur de la puissance sakalava est Andriamisara dont le fils, Andriandahifotsy (« le Prince blanc ») étend ensuite l'autorité vers le nord jusqu'au-delà du Mangoky. À leur tour, les deux successeurs de ce dernier, Andriamanetiarivo et Andriamandisoarivo poursuivent leur conquête jusque dans la région de Tsongay, actuel Majunga. Cependant dès cette époque l'unité de l'empire se brise, à un royaume du sud ou Menabe s'oppose le Boina du nord. Par la suite, le morcellement continue encore, malgré une extension de la puissance des princes du Boina jusque dans l'extrême nord, en pays antakarana.
Son processus de formation permet ainsi d'expliquer la grande diversité du monde sakalava dont les diverses parties continuent partout à perpétuer les particularités d'origine de chaque région, que ce soit du point de vue culturel ou linguistique. Sur ce dernier plan, le seul véritable facteur qui unifie les différents dialectes sakalava est leur commune appartenance au sous-groupe occidental des langues de Madagascar, les distinguant des langues du centre et du littoral oriental.
L'origine même du nom sakalava, ainsi d'ailleurs que sa véritable signification, fait encore l'objet de controverse. Ainsi, les traditions merina font état de multiples harcèlements de bandes sakalava contre leurs villages dès le XVIIe siècle et durant tout le XVIIIe , mais sans que l'on puisse s'assurer que ces dernières avaient un rapport direct avec les habitants des royaumes de la côte. En fait, il semblerait surtout que dans ce cas, ce terme servait d'appellation générique pour désigner toutes les populations nomadisant dans les territoires peu habités entre le pays merina et le littoral occidental de l'île.

Peuple malgache: une origine austronésienne commune à toute l'île

Les nombreuses recherches pluridisciplinaires récentes - archéologiques, génétiques, linguistiques et historiques  - confirment toutes que l'ensemble du peuple malgache est primordialement originaire de l'archipel indonésien. Arrivés probablement sur la côte Ouest de Madagascar en canoë à balancier (waka) au début de notre ère - voire 300 ou 350 ans avant selon les archéologues -, ces pionniers navigateurs austronésiens sont connus de la tradition orale malgache sous le nom des Ntaolo ("les hommes d'avant", "les "anciens"). Il est également probable que ces anciens se nommaient eux-mêmes les Vahoaka (de Va-waka "peuple/ceux des canoës" ou "peuple de la mer"), terme signifiant simplement aujourd'hui le "peuple" en malgache.


Sur le plan morphologique/phénotypique, cette origine Sud-Est asiatique première des Malgaches explique, par exemple au niveau des yeux, le "pli épicanthal" asiatique de la paupière supérieure  répandu chez tous, qu'ils soient des côtes ou des hauts plateaux, qu'ils aient la peau claire, sombre ou cuivrée.
Ces vahoaka ntaolo ("peuple d'origine/premier") austronésiens sont à l'origine de la langue malgache commune à toute l'île, ainsi que de tout le fonds culturel commun : coutumes anciennes (comme celle d'ensevelir les défunts dans une pirogue au fond de la mer ou d'un lac), agriculture ancienne (la culture du taro-saonjo, de la banane, de la noix de coco et de la canne à sucre), architecture traditionnelle (maison végétale à base carrée sur pilotis), musique (les instruments comme la conque marine antsiva, le tambour de cérémonie hazolahy, le xylophone atranatrana, la flûte sodina ou encore la valiha) et danse (notamment la "danse des oiseaux" que l'on retrouve à la fois au centre et dans le Sud).

Au tout début du peuplement (période paléomalgache), les Ntaolo se subdivisèrent, selon leurs choix de subsistance en deux grands groupes : les Vazimba ("ceux de la forêt", aujourd'hui barimba ou orang rimba en malais) qui s'installèrent dans les forêts de l'intérieur et les Vezo ("ceux de la côte" , aujourd'hui veju en bugis et bejau en malais, bajo en javanais) qui restèrent sur la côte Ouest. Le qualificatif Vazimba désignait donc à l'origine les Ntaolo chasseurs et/ou cueilleurs qui décidèrent de s'établir "dans la forêt", notamment dans les forêts des hauts plateaux centraux de la grande île et celles de la côte Est et Sud-Est, tandis que les Vezo étaient les Ntaolo pêcheurs qui restèrent sur les côtes de l'Ouest et du Sud (probablement les côtes du premier débarquement).

Dès la fin du premier millénaire jusqu'à 1600 environ, les Vazimba de l'intérieur autant que les Vezo des côtes accueillirent de nouveaux immigrants moyen-orientaux (Perses Shirazi, Arabes Omanites, Juifs arabisés) et orientaux (Indiens Gujarati, Malais, Javanais, Bugis) voire européens (Portugais) qui s'intégrèrent et s'acculturèrent à la société Vezo et Vazimba, souvent par alliance matrimoniale. Bien que minoritaires, les apports culturels, politiques et technologiques de ces nouveaux arrivants à l'ancien monde Vazimba et Vezo modifièrent substantiellement leur société et sera à l'origine des grands bouleversements du XVIe qui conduiront à l'époque féodale malgache (1600-1895).

À l'intérieur des terres, les luttes pour l'hégémonie des différents clans Vazimba des hauts plateaux centraux (que les autres clans Vezo des côtes appelaient les Hova) aboutirent à la naissance des ethnies et/ou royaumes Merina, Betsileo, Bezanozano, Sihanaka, Tsimihety et Bara.
Sur les côtes, l'intégration des nouveaux immigrés orientaux, moyen orientaux et africains donnèrent naissance aux ethnies et/ou royaumes Antakarana, Boina, Menabe et Vezo (Côte Ouest), Mahafaly et Antandroy (Sud), Antesaka, Antambahoaka, Antemoro, Antanala, Betsimisaraka (Côte Est).

La naissance de ces grands royaumes "néo-Vazimba"/"néo-Vezo" modifièrent essentiellement la structure politique de l'ancien monde des Ntaolo, mais la grande majorité des anciennes catégories demeurèrent intactes au sein de ces nouveaux royaumes : la langue commune, les coutumes, les traditions, le sacré, l'économie, l'art des anciens demeurèrent préservés dans leur grande majorité, avec des variations de formes selon les régions

samedi 9 février 2013

Le grenier des enfers

Deux cadavres déchiquetés sont repêchés dans les égouts de New York. Une série de meurtres de sans-abri plonge la ville dans une psychose collective. Les autorités s’inquiètent,  suspectant un lien entre les deux affaires.
Aloysius Pendergast part en chasse dans un dédale de stations de métro désaffectées et de galeries souterraines. Jusqu'au Grenier des Enfers qu'abrite Manhattan, là où se cache peut-être la chose meurtrière.
Le monstre hybride du Muséum est-il de retour? Tout laisse en effet à penser que le Mbwun n'a pas fini de sévir.

........  On estime a plus de 5000 le nombre de sans-abri qui vivent dans le labyrinthe de galeries souterraines, stations désaffectées,  tunnels de métro, anciennes canalisations et autres lieux à l'abandon sous Manhattan qui, par endroits, peuvent aller jusqu'à trente niveaux sous terre. La gare de Grand Central elle-même est construite au-dessus de sept niveaux de tunnels et galeries.
Dans beaucoup d'endroits souterrains, les sans-abri, les "taupes", se sont organisés en communautés - telles que "La Route de Birmanie,ou "Les Condos" - qui sont dirigées par un "maire". Parmi ceux qui vivent au sein de ces communautés, il en est qui ne sont pas remontés à la surface depuis plusieurs semaines, mois, voire années, et leurs yeux se sont habitués à des niveaux de luminosité très bas. La nourriture leur est apportée par des "coursiers", et quand ils sont à court de vivres il leur arrive de manger du "lapereau du rail" (du rat). L'une de ces communautés au moins a un instituteur à mi-temps - car il y a aussi des enfants qui vivent là, souvent amenés par leurs mères pour éviter que la garde ne leur soit retirée. Les taupes communiquent entre elles en morse, en tapant sur les canalisations... (voir Jennifer Toth, The Mole People (les Taupes), 1993)........