vendredi 6 août 2010

HASNA EL BECHARIA

Le retour de la Rockeuse du Desert. La France a découvert Hasna el Becharia au festival “Femmes d’Algérie” il y a dix ans. En 2009, elle fait le bilan avec Smaa Smaa, fruit d’un retour aux sources et de rencontre transversales qui ravivent une tradition remise au goût du jour. Le son inimitable de son gumbri, un luth de tradition gnawa réservé aux hommes, de sa guitare électrique et surtout de sa voix, emplissent ce disque du souffle lunaire du Sahara natal de Hasna el Becharia. C’est dans son désert qu’elle a commencé à l’enregistrer, pour ensuite le terminer à Paris, dans les studios Do Soul, où Teofilo Chantre, musicien capverdien d’exception, a fait le lien entre les différents intervenants. L’ensemble acquiert une touche moderne et nomade, tissé entre le sacré et le profane, entre cette soif de révolte et cette paix intérieure qui attise la transe de Hasna.

Ce qui est exceptionnel chez cette femme au physique maternel et sauvage, c'est le chemin qu'elle a pris pour pouvoir faire de la musique. Réservé aux hommes, le luth gnawa lui était de facto interdit. Elle a bravé cet interdit, malgré les coups de son père pour la dissuader, malgré la tradition, malgré sa culture. Comme elle n'arrivait pas à se faire entendre dans les salles lors des mariages, elle a adopté la guitare électrique. Une telle ténacité est admirable. Et pourtant, elle reste si classique: ses textes sont des psalmodies, des prières, quelques phrases courtes qui se répètent inlassablement au fil des notes. Presque libre, et pourtant en cage ... Son dernier album n'est pas celui que je préfère, mais il reste beau. Je m'étais beaucoup attachée à ses précédents morceaux, très marqués par les consonances moyenâgeuses de son gumbri.

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